La séductrice

Dr Nesrine Choucri Jeudi 31 Mai 2018-00:36:20 Shéhérazade raconte
La séductrice
La séductrice

Shéhérazade raconte tous les soirs des histoires au roi. Des histoires qu'elle a regroupées du fond de l'Egypte, mais qui sont riches en morale. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire de la séductrice.

Il était une fois une jeune femme née dans une famille noble et riche. Elle était unique parmi ses cinq frères. Pourtant, cela ne faisait pas d’elle une nantie. Sa famille ne lui prêtait pas trop d’attention. Son père était le cheikh des commerçants de leur quartier. Une fille ne comptait pas beaucoup pour lui, ce qui était gênant pour elle. Toutefois, elle n’était pas une révolutionnaire, c’était plutôt une femme qui savait ses limites et comprenait que dans la vie si on ne peut pas dire « non », on doit trouver d’autres façons pour détourner les règles. Comme toutes ces femmes frustrées, au lieu de faire face à sa situation courageusement, elle a préféré la sournoiserie.

Gamila (ou la belle) c’est ainsi que sa maman l’avait baptisée. Elle n’était pas une vraie beauté naturelle. Elle avait toutefois cette capacité à se servir de tous les moyens pour se mettre en valeur et être « sé-dui-sante». Cela comptait beaucoup pour elle, ses regards, ses mots, le mouvement de ses cheveux étaient sur mesure pour savoir conquérir les cœurs. Les cœurs, ce sont ceux des hommes qui l’intéressent. Ses amies, elle choisit bien : des filles moins belles qu’elles pour mettre en valeur sa beauté. Elle n’aime pas être comparée à une femme plus belle. Et, ces jours, elle les passait à choisir son maquillage, ses parfums, entretenir sa beauté. Bref, être féminine.

Arrivée à l’âge du mariage, son père fait le choix. Aucune démocratie ne lui est tolérée. Elle a accepté le mari, il n’était pas mal. Jeune, aisé, elle n’a pas résisté. Elle voulait se marier au plus vite pour se libérer de l’emprise de son père. Un père dur.

Le mariage n’était pas vraiment l’oasis dont elle rêvait. Au contraire, son mari avait un bon cœur, il la laissait mener sa vie librement, pour la simple raison qu’il courait derrière d’autres femmes. Les gestes de celui qu’elle croyait comme une bouée de sauvetage l’ont blessée. Elle s’est sentie brutalement trahie par la vie. Aucune espérance. Tout espoir cachait une déception.

Ayant caché autant de signes de déception, la jeune femme a commencé à accorder plus d’intérêts à sa beauté et à son corps. Plus les déceptions s’accumulaient, plus sa beauté rayonnait.

Elle qui était très charnelle n’exploitait point sa beauté. Elle ne savait quoi en faire ? Autant de beauté pour un mari ingrat ? se demandait-elle. Un jour, elle a finalement rencontré un jeune homme du nom de Mokhtar, l’élu ou le choisi. Mokhtar était un coureur de jupons professionnel. Marié, cela ne l’empêchait pas de courir après toutes les perles qu’il voyait sur son chemin.

Gamila était une perle, une belle perle. Alors, a-t-il commencé de tisser ses filets autour d’elle pour lui tendre un piège. La déception aveugle et ferme l’esprit. Gamila était aveuglée, elle ne percevait rien que la blessure de son cœur. Il était là, il comblait ce vide. Flatteur, charmeur, il éclairait la vie de Gamila comme un croissant de lune dans les nuits obscures du désert.

Gamila aimait séduire, mais pas trahir. Elle ne cherchait point à trahir son mari. L’amour de Mokhtar rongeait son cœur. Petit à petit, elle se sentait fatiguée par cet amour, par son insistance, par sa pression et par la froideur de son mari.  Son univers tournait tel un tourbillon vertigineux qu’elle n’arrivait pas à arrêter. Gamila faisait tout pour oublier, changer sa garde-robe, acheter des bijoux, se teignait les cheveux.

A suivre

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